On l’appelle le Moringa, c’est un arbre qui pousse dans les zones tropicales. On le connaît bien en Inde à Madagascar et en Afrique.

Aujourd’hui, on va vous le vendre comme plante miracle.

Qu’en est-il exactement ?

Moringa, l’arbre de vie

C’est un arbre qui peut devenir très grand et qui a une croissance très rapide dans les zones tropicales.

Moringa oleifera est l’espèce qui a été la plus étudiée ces dernières années. Il est qui est originaire du continent Indien mais il s’est acclimaté dans de nombreuses régions du monde, en Afrique et en Amérique latine en particulier.

D’autres espèces ont été étudiées : Moringa stenopetala, Moringa concanensis et Moringa peregrina en particulier.

Et il y a plein d’autres espèces locales dans les différents continents qui n’ont pas encore été étudiées : Moringa arboreaau Kénya, Moringa ovalifolia en Namibie, Moringa borziana en Somalie, etc.

Mon point ici : on parle toujours de Moringa oleifera, mais toutes les autres espèces qui n’ont pas été étudiées ont probablement des propriétés équivalentes.

Parties utilisées

On utilise le plus souvent les feuilles, soit entières sous forme d’infusion, parfois on les fait cuire comme aliment, soit en poudre.

La poudre est préférable car elle nous permet de profiter de la totalité de la plante. Vous pouvez rajouter la poudre à l’alimentation, une compote, une soupe, etc.

Parfois, selon les pays, on utilise l’écorce qu’on réduit en poudre. On utilise parfois la racine qu’on réduit en poudre aussi.

Parfois on utilise la graine ou l’huile des graines.

Mais ce que vous trouverez dans le commerce, c’est surtout la feuille.

Un marketing parfois abusif

Voici un point qui me dérange : on fait un énorme marketing pour positionner le moringa comme plante miracle. La plante qui sait tout faire. La plante qui guérit tout.

Dès que vous voyez ce genre d’allégations, il faut qu’il y ait une petite sonnette d’alarme qui se déclenche. Oui, c’est une plante assez exceptionnelle, c’est vrai. Mais dire que c’est la panacée est problématique. Beaucoup de personnes seront déçues et on risque une déforestation si tout le monde veut acheter la plante miracle.

D’un autre côté, si on l’utilise bien, si elle est ramassée d’une manière respectueuse, on peut avoir un modèle intéressant. On peut faire travailler des populations locales qui en ont besoin et on se fait du bien en même temps.

Ce n’est pas facile de mettre un tel modèle en place. Il y a souvent des abus, ce n’est pas très écologique à cause du transport. Et ne vaut-il mieux pas utiliser des plantes locales ?

Oui, je suis d’accord avec vous. Le but de cet article n’est pas de rentrer dans ces débats certes importants. Le but est de faire un point objectif sur les propriétés médicinales de la plante.

Constituants

C’est une plante très riche en constituants.

Elle est riche en substances nutritives. Je ne vais pas couvrir l’aspect nutritionnel ici mais sachez que les feuilles contiennent du calcium, magnésium, potassium, fer, sélénium, de la vitamine C, vitamine A, vitamine E, des acides aminés, etc.

C’est une bonne source de protéines végétales. En effet, le moringa contient 18 des 20 acides aminés utilisés par notre corps. Il contient tous les acides aminés essentiels que notre corps ne peut pas produire.

C’est donc une feuille très nutritive, on peut l’utiliser chez la personne carencée pour rétablir ses réserves.

D’un point de vue médicinal, on va aussi s’intéresser à d’autres familles de constituants. Elle contient des alcaloïdes, des saponosides, des tanins, des acides phénols, des flavonoïdes, des terpènes, etc. En fait à peu près toutes les grandes familles de constituants des plantes sont représentées dans le moringa.

Puissant antioxydant

La plante en est très riche en flavonoïdes : rutine, quercétine, rhamnétine, apigénine, etc. Ceci lui donne un pouvoir antioxydant assez remarquable.

Dans certaines études on remarque un pouvoir antioxydant supérieur à la vitamine C (2).

Ce point est important. Notre corps fabrique ce qu’on appelle des radicaux libres, cela fait partie du fonctionnement normal de notre système.

On en fabrique lorsque nos cellules produisent de l’énergie par exemple (dans les mitochondries). On en fabrique lorsqu’il y a inflammation. Nos globules blancs en fabriquent pour détruire les pathogènes. Ça, c’est la partie normale.

La partie moins normale est celle provoquée par les radiations, les polluants, les pesticides autour de nous.

Notre corps peut intercepter ces molécules instables grâce à des antioxydants. Mais si nos réserves en antioxydants ne sont pas suffisantes, les problèmes commencent avec un vieillissement prématuré des tissus.

Les radicaux libres vont s’attaquer à nos cellules et les détruire. Dans notre alimentation, nous allons donc rechercher des aliments riches en antioxydants comme les fruits et légumes de couleur.

Dans les plantes, lorsqu’on a l’opportunité de trouver une plante riche en antioxydants, on peut l’utiliser à bon escient, un peu comme un protecteur contre les agressions externes.

C’est le cas du moringa, on peut utiliser la feuille sous forme d’infusion ou de poudre rajoutée à l’alimentation pour bénéficier de ce pouvoir antioxydant.

Pensez-y en particulier si vous souffrez de maladie chronique dégénérative. Car justement, avec ces maladies, il y a constamment inflammation. Le système immunitaire est constamment sollicité. Il y a plus de radicaux libres qu’à l’ordinaire.

Donc dans toutes ces maladies, maladies auto-immunes, cancers, toute maladie inflammatoire chronique, il est bon de prendre des antioxydants naturels et d’en prendre souvent.

Notez que je ne suis pas en train de vous dire que le moringa peut soigner ces maladies, pas du tout. J’aimerais bien ! Par contre il peut soutenir votre système, le protéger, l’aider à mieux faire son travail. Ceci doit être l’un des leviers de votre stratégie.

Anti-inflammatoire

Le moringa a des propriétés anti-inflammatoires directes. Ceci a été confirmé par plusieurs études effectuées sur animaux (3)(4).

En particulier, nous avons une série d’études qui montrent que le moringa est très intéressant pour tout ce qui est inflammation de la muqueuse digestive :

  • Ulcère induit par les médicaments anti-inflammatoires comme l’aspirine (5).
  • Colite sévère provoquée par des substances acides (6).

Le moringa est probablement actif contre les inflammations digestives de tout type, depuis les inflammations des gencives, de l’œsophage, les ulcères, colites, etc.

On peut probablement aussi y penser pour tout problème de type maladie de Crohn et rectocolite hémorragique. D’ailleurs, dans l’utilisation traditionnelle de la plante, on voit qu’elle est souvent utilisée pour les douleurs digestives et les diarrhées.

Anti-allergique

Autre application possible grâce à cette combinaison antioxydant et anti-inflammatoire : le moringa est probablement une bonne plante pour les problèmes d’allergies respiratoires chroniques.

Je n’ai jamais validé cette application en pratique, ceci reste donc spéculatif de ma part. Mais vu ses propriétés, je pense qu’il a beaucoup de potentiel de ce point de vue là.

Notez que dans le commerce, on va parfois vous vendre des flavonoïdes comme la quercétine pour les allergies respiratoires. Vous avez ici, dans la feuille de moringa, une belle collection de flavonoïdes qui agissent en synergie.

Réparation des tissus

Dans les études, on voit que le moringa stimule la réparation des tissus. Il fait ce travail en boostant l’activité des fibroblastes (7), des cellules participant à la réparation cellulaire.

Le moringa donne parfois des résultats meilleurs que ceux obtenus avec une substance que l’on connait bien dans le monde des plantes et qui s’appelle l’allantoïne. On trouve en effet de l’allantoïne dans d’autres plantes réparatrices comme la consoude.

Le moringa est donc un réparateur des tissus de la peau ou des muqueuses. Ce qui nous ramène à son utilisation pour les ulcérations des muqueuses digestives, ou pour tout ce qui est problème de peau.

Antibactérien

Vu que la plante est très puissamment antibactérienne, c’est probablement une excellente plante pour soigner les blessures en tout genre. On retrouve d’ailleurs cette propriété dans l’utilisation traditionnelle de la plante.

La plante est non seulement antibactérienne, mais elle est aussi antivirale et antiparasitique. Elle a donc une action à très large spectre. Ceci est confirmé par la tradition : la racine est utilisée contre la malaria en Éthiopie par exemple, ou contre les infections entériques.

Côté bactérie, elle est active contre les pathogènes qu’on retrouve dans l’eau, salmonelle, escherichia coli, etc. C’est pour cela qu’on l’utilise dans certains pays pour rendre l’eau plus propre à la consommation. On utilise en effet les graines écrasées mélangées à l’eau.

D’ailleurs, pour la petite histoire, une étude démontre que la poudre des feuilles utilisée pour se nettoyer les mains est aussi efficace qu’un savon liquide contre escherichia coli (8).

C’est donc une plante très intéressante pour tout ce qui est intoxication alimentaire et diarrhée du voyageur.

Régulateur de glycémie et lipidémie

D’un point de vue métabolique, elle a deux actions intéressantes (1).

D’abord, elle aide à faire baisser la glycémie lorsque celle-ci est trop haute. Je n’ai probablement pas besoin de vous rappeler que les problèmes de glycémie trop élevée sont de plus en plus courants aujourd’hui.

En parallèle, elle aide à réguler les taux de lipides sanguins, cholestérol et triglycérides. Il y a peu d’études effectuées sur humains dans ce contexte, mais lorsqu’on en trouve, on voit que les doses de moringa se situe dans les 4 à 8 g de poudre par jour.

Problèmes cardiovasculaires – prévention

Le moringa a une action antihypertensive. Là encore on a de nombreuses études mais faites sur animal, en ce qui concerne l’efficacité et les doses pour les humains, c’est beaucoup moins clair, mais c’est une propriété qui va dans la bonne direction.

Si on prend en compte les propriétés suivantes : régulation de la glycémie, de la lipidémie, de la tension, un fort effet antioxydant et anti-inflammatoire – on est obligé de conclure que c’est probablement une bonne plante pour la prévention des maladies cardiovasculaires dans un sens très large.

Anticancer

Le moringa a une action anticancer in-vitro (1).

On voit qu’il inhibe la prolifération des cellules cancéreuses, ce qui a été validé avec de nombreuses souches cellulaires. Nous avons des études effectuées sur les souris qui confirment cette propriété pour certains types de cancer (9).

Mais tout ça reste très limité et bien sûr on ne sait pas trop ce que ça veut dire chez l’être humain d’un point de vue dosage et efficacité dans le contexte d’un cancer déclaré.

Ma conclusion

Si la tête vous tourne, je ne vous en veux pas. C’est une plante aux multiples propriétés.

Mais prenons du recul. Que faire avec cette plante exactement si vous y avez accès ?

Toutes ces données nous disent que c’est une excellente plante pour la prévention de ce qu’on pourrait appeler les maladies de civilisation : cancer, maladies cardiovasculaires, maladies inflammatoires chroniques. Et rien que ça, c’est énorme.

Je la compare un peu au thé vert, excellente plante à prendre en prévention aussi, grande protectrice. Elle est probablement plus puissante que le thé vert d’un point de vue protection.

On peut donc l’intégrer d’une manière régulière sous forme de poudre dans la nourriture, sous forme de thé des feuilles, en supposant que vous avez accès à un produit qui respecte l’environnement et qui fait travailler les populations locales, on revient toujours à ce point-là.

Pour les dosages : je dirais une cuillère à café à une petite cuillère à soupe de poudre incorporée dans une soupe, une compote, un jus de légume, ou tout simplement en infusion si vous tolérez le goût.

En prise régulière, un peu comme on se fait une tasse de thé vert, on peut se préparer une tasse de moringa de temps en temps pour remplir ses réserves en antioxydants, pour profiter de tous les minéraux, flavonoïdes, pour obtenir cet effet bouclier protecteur.

Est-ce qu’on ne l’utilise qu’en prévention ? Non, les populations locales des différents pays l’utilisent aussi pour des conditions aiguës à fortes doses.

Mais elles savent comment utiliser la plante, comment la préparer, pendant combien de temps l’utiliser, à quelles doses, elles ont le savoir et la tradition. De mon côté, je préfère m’en tenir à ce que je sais et l’utiliser simplement en prévention.

Voilà pour le fameux arbre de vie, ce n’est pas une panacée, ce n’est pas une plante miracle qui soigne toutes les maladies, mais c’est une plante sacrément intéressante pour rester en bonne santé le plus longtemps possible.

Précautions

  • Pas pendant la grossesse ou l’allaitement ;
  • Vu que le moringa a des propriétés hypoglycémiantes, faites attention si vous prenez des médicaments pour un diabète, il peut y avoir un risque d’accident hypoglycémique ;
  • Parfois il peut y avoir des petits dérangements digestifs lorsque vous commencez à prendre la poudre. La plante a en effet un petit côté laxatif chez certains, donc introduisez graduellement.
  • Nous avons des cas assez rares de réactions allergiques au moringa, c’est à garder dans un coin de la tête. C’est très rare mais on ne sait pas, cela peut arriver.

Références

(1) Abd Rani NZ, Husain K, Kumolosasi E. Moringa Genus: A Review of Phytochemistry and Pharmacology. Frontiers in Pharmacology. 2018;9:108.

(2) Santhi K., Sengottuvel R. (2016). The antioxidant activity of the methanolic leaf extract of Moringa concanensis Nimmo. Int. J. Adv. Interdiscipl. Res. 3, 1–5.

(3) Koheil M. A., Hussein M. A., Othman S. M., El-Haddad A. (2011). Anti-inflammatory and antioxidant activities of Moringa peregrina seeds. Free Radic. Antioxid. 1, 49–61.

(4) Adedapo AA, Falayi OO, Oyagbemi AA. Evaluation of the analgesic, anti-inflammatory, anti-oxidant, phytochemical and toxicological properties of the methanolic leaf extract of commercially processed Moringa oleifera in some laboratory animals. J Basic Clin Physiol Pharmacol. 2015 Sep; 26(5):491-9.

(5) Pal S. K., Mukherjee P. K., Saha B. P. (1995). Studies on the antiulcer activity of Moringa oleifera leaf extract on gastric ulcer models in rats.

(6) Minaiyan M, Asghari G, Taheri D, Saeidi M, Nasr-Esfahani S. Anti-inflammatory effect of Moringa oleifera Lam. seeds on acetic acid-induced acute colitis in rats. Avicenna J Phytomed. 2014 Mar; 4(2):127-36.

(7) Gothai S, Arulselvan P, Tan WS, Fakurazi S. Wound healing properties of ethyl acetate fraction of Moringa oleifera in normal human dermal fibroblasts. J Intercult Ethnopharmacol. 2016 Jan-Feb; 5(1):1-6.

(8) Torondel B, Opare D, Brandberg B, Cobb E, Cairncross S. Efficacy of Moringa oleifera leaf powder as a hand-washing product: a crossover controlled study among healthy volunteers. BMC Complement Altern Med. 2014 Feb 14; 14():57.

(9) Budda S, Butryee C, Tuntipopipat S, Rungsipipat A, Wangnaithum S, Lee JS, Kupradinun P. Suppressive effects of Moringa oleifera Lam pod against mouse colon carcinogenesis induced by azoxymethane and dextran sodium sulfate. Asian Pac J Cancer Prev. 2011; 12(12):3221-8.

Source: Altheaprovence du  par