Le ministre des Mines et des Ressources Stratégiques, Fidiniavo Ravokatra, précise lors d’un interview réalisé par la radio nationale la semaine dernière que le principe de délivrance de permis au « premier arrivé, premier servi » est accompagné d’un certain nombre de critères de sélection.

Ce principe du « premier arrivé, premier servi » est conforme à la loi et il s’agit surtout pour l’Etat, représenté par le ministère, ses démembrements et agences de veiller à ce que les suivis et contrôles soient rigoureux, d’autant ajoute-t-il que l’octroi de permis est suivi d’un cahier de charges. Le ministre Fidiniavo Ravokatra accorde une importance particulière à la filière Or, car à son avis elle autorise des retombées et impacts rapides et notables ; on ne recense pas moins de 500 000 voire deux fois plus d’individus qui évoluent dans le secteur. Et puis toujours d’après le ministre, les deux tiers du pays sont aurifères. En apportant une touche particulière de rigueur dans le suivi de la filière Or, l’Etat malagasy espère une amélioration rapide des conditions de vie d’une partie non négligeable de la population, notamment paysanne. Faut-il rappeler que beaucoup parmi les orpailleurs sont agriculteurs et éleveurs à la fois. Les dégâts causées sur les forêts et les parcs nationaux ne sont pas moindre déplorent cependant les protecteurs de l’environnement. Rares sont pourtant les grandes compagnies tel KRAOMA qui sont dans la filière Or.

Mais il n’y a pas que l’Or, l’exploitation de pierres précieuses est une autre paire de manche, elle se présente comme un sac de nœuds tout aussi difficile à appréhender. Dès lors qu’un filon de n’importe quelle pierre précieuse, de saphir ou de rubis est mis à jour c’est la ruée et l’anarchie totale, souvent accompagnée de violences en tout genre. Des paysans/exploitants miniers du district d’Andilamena se sont plaint lors du « tsena-kevitra » : « mirongatra tahaka ireny dahalo ireny ny vahiny mpividy vato » (traduit librement par : les étrangers qui achètent les pierres précieuses prennent d’assauts les villages comme le font les dahalo ») ; pour décrire l’ambiance qui prévaut dans les zones riches en pierres précieuses. Ces paysans qui, apparemment résident aux alentours du corridor Ankeniheny-Zahamena et disposent de permis, se sentent lésés et spoliés car ces étrangers offrent des prix plus attrayants et engrangent ainsi les meilleures qualités sinon qu’ils arnaquent les paysans/exploitants miniers. Un apprentissage ou du moins une forte sensibilisation des paysans/exploitants miniers sur la qualité des pierres et sur la fourchette des prix est impérieuse d’après ces plaignants. Ces exploitants miniers n’ont pas insisté sur leur capacité à dévaster les forêts jusqu’aux espèces endémiques.

Des propositions

En tout cas, ils sont convaincus que le principe du « premier arrivé, premier servi » est meilleur par rapport à d’éventuels autres principes. Cela n’empêche qu’ils soupçonnent des pratiques injustes des responsables auprès du ministère et du Bureau de Cadastre minier (BCMM) dans la délivrance de permis. Ces derniers à leur avis, en apprenant dans la demande qu’à tel endroit ou dans tels carrés miniers, il y a du rubis et autres pierres précieuses de la même qualité, informeraient alors leur parent qui s’empresse de déposer la même demande et obtient ainsi le permis et les carrés miniers. Ce qui laisse croire qu’ils préfèrent ne pas écrire dans le formulaire qu’ils déposent tous les produits miniers que recèlent les carrés miniers demandés.

Afin de contribuer à l’amélioration du secteur des petites mines, les détenteurs de permis pour petites exploitations ont réclamé la mise en place d’un Numéro Vert pour les mines. Il permettra aux acteurs d’informer la Police des Mines et les démembrements du ministère sur la situation sur le terrain en temps réel. Les petits exploitants exigent aussi la mise en place d’un Observatoire des Mines en même temps que la valorisation du Laboratoire des Mines dont les résultats et certifications sont remis en cause au profit des examens de laboratoires étrangers.

Le ministère et la Présidence de la République prévoit la délivrance jusqu’au mois de juin 2020, de 500 permis de recherche, 500 permis pour petits exploitants et 50 permis d’exploitation.

Fanambinantsoa: Tribune de Madagascar du 11 septembre 2019.