Emmanuel Macron a réitéré sa volonté d’ouvrir « une nouvelle page » dans la relation entre la France et l’Afrique lors de l’échange avec un public de près de 400 personnes.

A écouter les discussions des invités pénétrant la cour d’honneur, observer leurs visages fiers et les tenues parfois trop apprêtées pour l’occasion, il régnait, jeudi 11 juillet, une atmosphère d’aboutissement à l’Elysée, le sentiment qu’un moment longuement attendu était enfin arrivé. Pour la première fois, après quatre siècles d’une histoire franco-africaine écrite le plus souvent au profit d’une seule partie, les diasporas africaines étaient reçues à la présidence française pour un échange avec le chef de l’Etat.

Epaulé par un président du Ghana rendu populaire par ses discours volontaristes – cette fois, Nana Akufo-Addo a prié l’assistance d’oublier une fois pour toute la venue du père Noël pour développer le continent –, Emmanuel Macron a réitéré sa volonté d’ouvrir « une nouvelle page » dans la relation entre la France et l’Afrique. Lors des deux heures d’échange avec un public de près de 400 personnes, dans lequel se mêlaient notamment figures connues, entrepreneurs et étudiants, le président a jugé que pour la progression des pays africains, « les diasporas ont un rôle essentiel. Elles connaissent les codes, les accès. Elles sont nos meilleurs ambassadeurs pour dire comment la France, l’Europe et l’Afrique peuvent mieux travailler ensemble ».

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La place des diasporas dans la société

Les ressortissants africains installés en France, leurs enfants, les binationaux jouent déjà bien souvent ce rôle de passerelle entre les deux continents. Mais, pour cette première réception à l’Elysée, derrière les propos incitatifs et valorisants des deux présidents, planait en permanence la question de la place laissée à ces diasporas dans la société française. Interpellé à plusieurs reprises sur les problèmes de visibilité et d’opportunités offertes, Emmanuel Macron a expliqué qu’il croyait davantage en la promotion de personnalités modèles qui permettent de « casser les barrières », telle la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, que dans « la discrimination positive » synonyme de quotas.

En écho, le président ghanéen a eu ces mots à l’endroit de tous les membres de la diaspora : « Le destin de tous les Noirs à travers le monde est lié à l‘Afrique. Si le statut de l’Afrique s’améliore, alors votre statut s’améliorera. »

A l’issue des échanges, Joan Sanga, un jeune entrepreneur originaire du Cameroun, se disait satisfait que « des choses vraies et crues [aient] été dites » et que « la France et l’Afrique [ont] besoin de ce franc-parler pour donner une nouvelle impulsion à leurs relations. »

Eisa, Ornella et Brandy, eux, laissaient poindre une déception. A eux trois, ces étudiants ont à peine l’âge des indépendances africaines et « c’est ce qui se passe en France qui nous intéresse vraiment. Les questions du commerce avec l’Afrique, du franc CFA, de la souveraineté ne nous touchent pas directement. Ce que l’on veut, c’est que l’on trouve des solutions à la discrimination qui nous touche au quotidien ». Acerbe, une observatrice ghanéenne jugeait que toute cette journée était finalement « très french. Beaucoup de mots et peu de solutions ». Emmanuel Macron a promis d’autres rendez-vous.

Par Cyril Bensimon 

Source : Le Monde