Une fervente chrétienne a pu réaliser son rêve d’enfant grâce à son attachement à Dieu. Son ambition est d’aider les jeunes malagasy défavorisés à bénéficier d’une formation numérique qui va leur permettre de décrocher ensuite un boulot au sein d’une entreprise. Pour ce faire, elle a ainsi créé une start-up portant l’enseigne de « Sayna » issu d’un nom malagasy qui signifie « intelligence ». Et à un mois de la mise en œuvre de son projet, elle a été élue meilleur entrepreneur social, et ce, à l’âge de 20 ans, lors d’un concours organisé par l’Organisation Internationale de la Francophonie en partenariat avec Incubons. Il s’agit de Matina Razafimahefa, une surdouée et très jolie jeune femme. Voici son portrait.
Fille d’un père médecin et d’une mère ingénieure en polytechnique, Matina Razafimahefa est la benjamine de la famille. Elle a une grande sœur et deux grands frères. « J’ai grandi à Madagascar mais ma famille a dû quitter la Grande île en 2009 pour des soucis financiers en raison de la crise socio-politique qui est survenue dans le pays. J’ai intégré la section sport étude au Centre Educatif Nantais pour Sportifs, tennis pendant quatre ans. En fait, j’ai été déjà championne de Madagascar de tennis à 7 ou 8 ans. Ensuite, je suis rentrée dans un lycée public. Et j’y étais bouleversée par le fait qu’on peut avoir accès à l’éducation gratuite de haut niveau. En plus, on n’a pas besoin de payer les livres car tout est accessible sur internet. C’est là que m’est venue l’idée d’en faire autant à Madagascar. Il s’agit principalement de la facilitation de l’accès à une formation digitale à tous. J’ai d’ailleurs eu mon bac grâce aux tutos sur Youtube », a-t-elle confié. Et Matina Razafimahefa a eu une mention très bien au baccalauréat général économique et social en 2016. Elle est maintenant en 2e année de Science Politique au sein de l’Université de la Sorbonne à Paris.
5 000 Euros. En outre, « je suis très attachée à mon église internationale Hill Song. L’an dernier, j’ai assisté à une conférence globale organisée par plusieurs églises à Londres. On y a parlé de l’engagement des chrétiens pertinents en dehors de leur paroisse. J’ai été tellement touchée par ce qui a été dit que j’ai décidé de poursuivre mon rêve. On me disait alors que j’étais encore trop jeune pour le faire. Dans la foulée, ma mère m’a soutenue et m’a encouragée. D’où, le lancement de « Sayna » en novembre 2017. Nous avons ensuite mené une campagne de ‘crowdfunding’ le 20 janvier 2018 afin de démarrer le projet car nous ne disposions pas de capital. Une somme de près de 5 000 Euros a été ainsi rassemblée alors que l’objectif était d’avoir 4 000 Euros via une levée de fonds. Ce qui nous a permis d’acquérir des équipements informatiques et de payer le coach mentor vidéaste », a-t-elle soulevé.
Pris en charge. Parlant de son projet proprement dit, l’objectif consiste à proposer des formations digitales accélérées surtout de développeurs pour une durée de quatre mois à tous les jeunes de plus de 18 ans, et ce, sans aucun critère. « Nous assurons ensuite leur placement au niveau des entreprises partenaires au bout de leur formation. Le futur employeur assumera une partie du coût de la formation. L’étudiant remboursera sa part une fois qu’il touchera son premier salaire. Nous travaillons en collaboration avec « The Hacking Project » qui prend en charge le coût de la formation. En outre, nous sommes hébergés chez l’entreprise solidaire P4H (Passion For Humanity) », a expliqué Matina Razafimahefa, la dirigeante de la start-up « Sayna ». Douze étudiants suivent cette première session de formation en ce moment. Ils ont été sélectionnés à la suite d’un concours de recrutement. Il y avait des tests de logique et de personnalité ainsi que des épreuves pratiques. « Ils sont pris en charge en totalité, y compris leur restauration durant leur formation. Il suffit d’avoir une motivation et une passion pour le digital. Ils seront placés dans des entreprises en juillet prochain. Et une deuxième vague de recrutement aura lieu vers mi-avril prochain », a-t-elle annoncé.
Leitmotivs. La jeune chef d’entreprise, quant à elle, partira bientôt à l’Île Maurice pour une immersion entrepreneuriale. « C’est mon premier prix en tant que meilleur entrepreneur social 2018. Mon objectif est de trouver d’autres débouchés pour mes étudiants. D’ailleurs, je les aime beaucoup. C’est pourquoi, j’ai rencontré leurs familles respectives. Il y a une perspective de vouloir s’en sortir. Ce sont des exemplaires. En fait, je veux bien mettre de la valeur sur les gens. Le respect d’autrui tout en aidant les autres est mon leitmotiv. Par contre, je n’aime pas dire que la mentalité des gens face à un problème est une excuse », a évoqué Matina Razafimahefa, toujours souriante et respectueuse. Mais elle est également dynamique et sérieuse.
Challenge. Quand on lui demande ses goûts en matière culinaire, elle affirme qu’elle raffole notamment du toast à l’avocat, du saumon et du « ro mazava ». Malgré son fort engagement sur son projet, elle ne lâche pas non plus ses études universitaires. Elle va rentrer en France vers la mi-avril afin de passer ses partiels à l’université de la Sorbonne. « Mon plus grand challenge est de voyager afin de placer mes futurs étudiants aussi bien dans des entreprises locales qu’étrangères. Le prochain voyage est prévu en Australie. En fait, je ne suis pas une férue de technologie mais j’utilise le digital », a conclu Matina Razafimahefa.
Navalona R.
Source: Midi-Madagasikara du 30 mars 2018.