L’examen de la politique d’investissement de Madagascar a été évoqué au conseil des ministres.

Cette politique est indispensable pour un pays en queue de peloton en termes d’opportunités d’investissement. La Grande Ile est au 127ème rang sur 132 pays selon le classement 2015 du Global entrepreneurship and development institute (GEDI), un organisme de développement de la politique basé à Washington. Comme quoi, le pays n’offre pas les conditions nécessaires pour l’investissement. Le Doing business 2016 de la Banque mondiale abonde dans le même sens même si Madagascar a réalisé une petite progression de 2 places : il est passé du 166ème rang en 2015 au 164ème sur 189 pays en 2016. Quel que soit le classement sur les facilités de faire des affaires, le pays a toujours du mal à remplir les conditions pour intéresser les investisseurs potentiels. Le début du retour à la normale des aides extérieures pourrait aider à inverser la tendance. Mais il faudra attendre pour voir car la gouvernance ne connaît pas encore un léger mieux.

Pour les 10 indicateurs du GEDI, Madagascar ne voit aucun afficher un bon score. L’indicateur sur les opportunités de démarrage d’entreprises est même bon dernier. C’est évident. Dans la loi de finances 2016, « l’appui favorisant la création d’emplois » figure en bas de la liste des priorités du gouvernement. Et qui dit création d’emplois dit création d’entreprises et/ou de mesures pour inciter les entreprises existantes à en créer. Un économiste relève que dans des documents comme la loi de finances, les priorités sont citées par ordre d’importance. Ce qui signifie que le monde des entreprises est la dernière des préoccupations des dirigeants ! Or, tous les classements internationaux rangent Madagascar parmi les pays où il n’est pas bon d’investir. Le climat des affaires a besoin d’être assaini. Et si on revient sur les opportunités de démarrage d’entreprises, ce sont surtout les jeunes qui sont concernés. Ils sont près de 3/4 à se trouver dans la pauvreté selon les dernières données du Bureau international du travail (BIT), alors que moins de 5% ont leur propre entreprise.

Ce dernier chiffre montre que la volonté d’entreprendre existe malgré un contexte très difficile. Et si le pays veut sortir de la pauvreté, il faut passer par les jeunes qui dominent le paysage démographique où la moyenne d’âge est d’un peu plus de 19 ans. Mais le budget alloué au ministère de la Jeunesse et des Sports représente une part ridicule de 0,3% du budget public pour 2016. Pire, ce budget est nettement plus affecté aux sports qu’à des mesures concrètes pour inciter et soutenir les jeunes en entrepreneuriat. Ils ont toutefois besoin d’appui pour élaborer des projets, des business plan susceptibles d’intéresser les organismes de financement… A ce sujet, rares sont les organismes financiers à se risquer pour soutenir des entreprises en création. Et concernant la création d’entreprises, Madagascar a perdu 12 places entre 2015 et 2016 selon le Doing business 2016 en passant de la 112ème place à la 128ème. Malgré tout, créer une entreprise à Madagascar est apparemment plus facile qu’en Afrique subsaharienne, sauf qu’il ne suffit pas d’en créer sur le plan administratif. Il faut disposer du savoir-faire et du financement pour la faire fonctionner et la développer. Et ces facteurs font défaut, surtout pour les jeunes.

 

Source: La Gazette de la Grande Île – 18 Décembre 2015