L’intégration des énergies renouvelables dans les systèmes électriques est de plus en plus incontournable pour les pays fortement dépendants des énergies fossiles comme les îles du sud-ouest de l’Océan Indien. Par le coût écologique et économique des combustibles fossiles, ces pays se doivent d’accélérer la transition énergétique et de miser davantage sur les énergies durables. Non sans mal.

Particulièrement dépendantes des combustibles fossiles, notamment le pétrole et le charbon, les îles du sud-ouest de l’Océan Indien où 80% de l’énergie produite proviennent de sources aussi polluantes qu’onéreuses, ont des économies énergétiques différentes d’un pays à l’autre, avec un point commun : un coût financier et écologique qui plombe l’économie. Face à cette dépendance énergétique, les énergies renouvelables représentent une option sérieuse, dans la mesure où la région dispose d’un fort potentiel dans ce domaine. Le forum régional des énergies durables de l’Océan Indien qui s’est tenu la semaine dernière, du 28 au 30 mai, à Maurice, était une occasion d’aborder la question des énergies renouvelables dans la région. Organisée par la Commission de l’Océan Indien (COI) à travers son programme ENERGIES et auquel les pays membres de la COI dont Madagascar ont répondu présents, cette rencontre, au-delà de l’état des lieux, visait à renforcer l’engagement des autorités publiques, des professionnels de l’énergie issus du secteur privé, et des centres de recherches en charge des questions énergétiques. Les échanges sur la gouvernance du secteur énergie, l’intégration des énergies renouvelables dans les systèmes électriques, et l’efficacité énergétique dans l’industrie et le secteur du bâtiment, ont permis de mieux cerner les avancées. Mais l’objectif était surtout de créer un réseau de partenaires régionaux afin de booster le développement énergétique de la région. Objectif en grande partie atteint avec, entre autres, la création de l’association des régulateurs de l’énergie dans les pays de l’Océan Indien.

Madagascar roule pour l’hydraulique

Si les îles voisines, en matière de transition énergétique, sont beaucoup plus engagées dans des projets de diverses envergures en matière de solaire, d’éolienne, de biomasse, de géothermie ou encore d’énergie marine, Madagascar privilégie davantage l’hydroélectricité en raison de son potentiel important dans ce domaine : les cours d’eau exploitables dans le pays affichent un potentiel de près de 7,8 gigawatts. De quoi couvrir l’ensemble des besoins de Madagascar, voire au-delà. Cependant, afin de préserver ce potentiel, la Grande Ile devra faire de la lutte contre le changement climatique une priorité.

Hybridation. Pour l’instant, avec la réalisation en cours de quatre projets de barrage à Volobe, Ranomafana, Antetezambato et à Sahofika, la Grande Ile espère augmenter de manière significative  jusqu’à dépasser le millier de mégawatts – ses futures productions énergétiques d’origine hydraulique. En attendant que les infrastructures soient opérationnelles, le pays opte pour l’hybridation avec le solaire. La démarche concerne, à ce jour, 45 sites dont la mise en service est attendue avant la fin de l’année, d’après les déclarations du directeur général de la société nationale d’eau et d’électricité, la JIRAMA.

Les principales sources d’énergies renouvelables

Le solaire

Il y a deux types d’exploitation de l’énergie solaire :

  • Les centrales thermiques utilisant des miroirs et des paraboles pour concentrer l’énergie solaire à l’extrême, créant de la vapeur d’eau capable d’actionner des turbines générant de l’électricité ;
  • Les centrales photovoltaïques constituées d’un réseau de panneaux photovoltaïques permettant de transformer directement l’énergie solaire en courant électrique. Les modules photovoltaïques peuvent être raccordés ou non au réseau de distribution électrique.

Le solaire, utilisé directement pour produire de l’eau chaude sanitaire pour des usages individuels ou professionnels – tels les hôtels – permet de réaliser d’importantes économies d’énergie conventionnelle. A Madagascar, le solaire est une alternative de production décentralisée d’énergie, essentiellement utilisé en matière d’électrification rurale.

L’éolienne

L’énergie éolienne est produite par la force motrice du vent. Exempte d’émissions à gaz à effet de serre, elle permet de fabriquer de l’électricité en faisant tourner les pales des éoliennes. Si la source de base de l’énergie est gratuite – comme pour le solaire – les dispositifs de production et de stockage de l’énergie nécessitent des investissements conséquents. A Madagascar, des fermes éoliennes commencent à voir le jour.

La biomasse et le biogaz

Les matières organiques tels les végétaux, déchets agricoles, ou ordures ménagères constituent une source d’énergie renouvelable, soit à partir de la combustion, soit de la fermentation. Pour le premier procédé, la chaleur dégagée par la combustion permet d’actionner des turbines et produire de l’électricité. Pour la fermentation, les matières organiques dégagent du biogaz, lequel alimente une turbine qui génère de l’électricité.

L’énergie hydraulique

Source d’énergie la plus utilisée au monde, l’énergie hydraulique résulte de la force obtenue par le débit des cours d’eau, ou des chutes d’eau, faisant tourner des turbines qui produisent de l’électricité. Il existe deux types d’installations : les barrages et les centrales au fil de l’eau. Par ses nombreux cours d’eau qui irriguent le pays, Madagascar dispose d’un fort potentiel en énergie hydraulique.

L’énergie marine

Il s’agit d’une énergie produite par les mers et les océans à partir des courants marins, du cycle des marées et des vagues. Encore inexistant à Madagascar, le procédé de production d’énergie marine nécessite un dispositif important et l’utilisation de technologies de pointe.

Régulation de l’énergie

Vers des pratiques communes dans l’espace COI

L’Association des régulateurs de l’énergie des pays membres de la COI a été créée dans le cadre de ce forum régional des énergies durables. Appelée à se focaliser sur les besoins et enjeux insulaires en matière de transition énergétique, avec un volet important de développement des énergies renouvelables, cette association compte parmi ses membres l’Office de Régulation de l’Electricité (ORE) de Madagascar. La démarche de création de cette association est bénéfique pour la Grande Ile, assure cet office malgache dans la mesure où le pays veut enclencher la vitesse supérieure en matière de transition énergétique. Cette association est une structure d’échanges de bonnes pratiques entre les régulateurs de chaque pays membre. Il est envisageable, dans un second temps, d’adopter un modèle de régulation commun aux pays membres.

Le programme COI-ENERGIES en bref

Financement : 15 millions d’euros

Bailleur : Union européenne

Pays bénéficiaires : Madagascar, Maurice, Seychelles, Union des Comores.

Durée de mise en œuvre : 2014-2019

Acteurs :

Les institutions nationales des Etats membres de la COI (Union des Comores, Madagascar, Seychelles, Maurice, France-Réunion)

Les partenaires techniques et financiers

La société civile et le secteur privé

  • Objectif principal : contribuer au développement durable des Etats bénéficiaires en améliorant leur accès à des sources modernes, fiables, diversifiées, durables et renouvelables d’énergie saine et à prix abordables.
  • Objectifs spécifiques : faciliter l’accès au développement, à l’investissement et à la gestion durable des énergies renouvelables ; augmenter l’efficacité énergétique des différents secteurs.
  • Dossier réalisé par Hanitra RAMAHATRA

Source: Midi-Madagasikara du 07/06/2018.