En plein océan Indien, loin de l’Europe et des Etats-Unis, ancrée face à l’Afrique de l’Est, Madagascar -qui a déjà du mal à faire venir les touristes chez elle- reçoit de plein fouet une gifle dont elle se serait bien passée: faire partie de la liste des pays considérés comme refuges de terroristes.

Alors que les attentats font tache d’huile de par le monde, les malgaches pourraient ne plus être à l’abri des atrocités qui touchent la France, la Belgique, les États-Unis, les pays africains francophones. « Le pouvoir malgache tente de rassurer l’opinion publique et la communauté internationale en annonçant quelques mesures dont le renforcement des dispositifs déjà existants en matière de lutte antiterroriste,…la collaboration avec Interpol,… la surveillance renforcée de certaines écoles coraniques,…l’intensification des contrôles des étrangers, spécialement ceux originaires des autres pays à risques », lit-on dans « Madagascar-Magazine » de juin 2016.

Les attentats de Paris -130 morts et 352 blessés le 13 novembre dernier- ont entraîné une prise de conscience dans l’île rouge. Et le site de RFI de rappeler qu’en 2015: « Un homme a été arrêté vendredi 20 novembre à Madagascar. Il est soupçonné d’être un terroriste, sympathisant de l’organisation État islamique. Les forces de l’ordre l’ont repéré après la diffusion de messages sur les réseaux sociaux où il véhiculait des messages islamistes de haine et anti-français depuis les attentats de Paris. L’homme, connu des services de sécurité de l’Hexagone, a été libéré après 24 heures de garde à vue. C’est une première dans un pays qui n’a jamais été frappé par des actes terroristes liés à l’islamisme radical ».

L’ambassadrice de France sur place, Véronique Vouland-Aneini, et le Premier Ministre malgache Olivier Solonandrasana Mahafaly

Début février 2016, Alain Marsaud -député des français de l’étranger- s’est préoccupé de la sécurité des 25000 ressortissants de l’hexagone vivant à Madagascar, tout comme l’ambassadrice de France sur place, Véronique Vouland-Aneini qui en a débattu avec le Premier Ministre malgache Olivier Solonandrasana Mahafaly. Sécurité et problématiques d’insécurité récurrentes sur l’île, ont fait l’objet d’avancées constructives. La France prendra en charge durant le sommet de la Francophonie en novembre 2016, la formation d’agents de sécurité mais aussi la protection des personnalités. L’ambassade, les consulats, les Alliances française et les écoles françaises ont été placés sous protection renforcée dans le pays depuis les attentats survenus à Paris le 13 novembre dernier.

Les services de renseignements américains tels que le Federal Bureau of Investigation(FBI) et la Central Intelligence Agency (CIA) surveillent de près les pays susceptibles d’être la destination des djihadistes. Madagascar en fait partie. « Selon les services de renseignements américains, la partie Est de la Grande Île du côté de Fénérive- ou encore Maintirano dans l’Ouest et également Vaingaindrano dans le Sud-Est de Madagascar sont actuellement surveillées de près. La raison de cette inquiétude: les écoles coraniques et la religion musulmane se développent à grande vitesse dans ces régions, d’où l’inquiétude des services secrets américains », écrit Fah Andriamanarivo.

Un rapport de l’IFRI –Institut Français des relations internationales- rédigé par Mathieu Pellerin, précise: Certaines organisations représentatives de l’Islam à Madagascar, au premier rang desquelles figure le FSM, sont débordées de l’extérieur par de nouvelles organisations radicales, et de l’intérieur par des franges plus littéralistes. Si certaines personnalités sont considérées comme converties à l’idéologie salafiste comme Papa Soulé (personnalité très connue dans le milieu politique malgache), dont l’influence sur les populations du quartier des 67 ha (Antananarivo) n’est plus à démontrer, d’autres dynamiques autrement plus inquiétantes semblent poindre de manière plus secrète. Certaines mosquées de Mahajanga notamment, qui avaient abrité voilà quelques années Fazul Abdullah Mohammed (Comorien, l’un des principaux responsables des attentats contre les ambassades américaines le 7 mai 1998 à Nairobi, au Kenya, et à Dar-es-Salaam, en Tanzanie et chef d’Al-Qaïda dans la corne de l’Afrique dès 2009) tué en 2011, pourraient continuer de fournir des candidats au djihad international.

Dans son dernier ouvrage, « La guerre de la France au Mali », chez Tallandier -juin 2014- Jean-Christophe Notin rapporte que l’armée française a découvert, en 2013, la présence d’un malgache parmi les djihadistes tués au combat. Il s’avère que celui-ci aurait fréquenté la même mosquée que Fazul.

Faut-il rappeler en outre, qu’il y a dix ans, Jamel Khalifa –beau-frère de Ben Laden- était arrivé comme simple touriste à Madagascar, et avait été assassiné dans sa maison sur place par plus de 20 « brigands » malgaches, qui en voulaient à sa richesse, selon la thèse officielle.

En effet, c’est avec un visa touristique de court-séjour (trois mois) que les djihadistes entrent dans le pays, avant de partir vers d’autres destinations… Entre temps, fleurissent selon les services secrets américains, « la création de nombreuses écoles coraniques qui pourraient favoriser dangereusement un basculement vers l’islam radical », note le numéro 82 de « Madagascar-Magazine ».Cela dit, des visas touristiques de 15 jours seulement pourraient être délivrés aux personnes suspectées, avec un contrôle direct pour ceux qui les récupèrent à l’arrivée de l’aéroport. Ou des ports. Mais les frontières de Madagascar restent bien poreuses…

Pour finir, l’IFRI signale : « Outre la proximité géographique et culturelle des Comores, archipel où la menace salafiste est réelle, la réislamisation qui touche Madagascar participe d’un mouvement plus global qui s’étend en Afrique de l’Est, au Kenya, en Tanzanie ou encore en Afrique du Sud ».

Source:jolpress.com – Relayé par Madagate.org