Même s’ils  ne retrouvent pas encore les montants record constatés lors de l’ajustement structurel de l’ère Ratsiraka, les financements extérieurs en matière d’aides publiques au développement reprennent progressivement.

« Tohizo ny lalantsika ». L’ancien Président de la République Marc Ravalomanana avait  fait sien ce slogan quand il était au pouvoir. Une devise qui était suivie d’actions  concrètes puisque durant son mandat, l’ancien empereur de Tiko était celui qui avait réalisé le plus d’infrastructures routières à Madagascar. Les projets routiers étaient par la suite en panne durant la transition où Andry Rajoelina  qui scandait « iny làlana iny làlan-tsarotra »  n’avait pas pu accéder aux financements extérieurs  et n’avait pu placer aucun projet routier et se  contentait des petites réalisations culturelles et sociales comme les hôpitaux « manara-penitra » ou encore le Coliseum Antsonjombe.

Mauvais état des rues. Après le retour à l’ordre constitutionnel, le Président Rajaonarimampianina n’a pas encore trouvé un slogan qui tient la route, car visiblement le nombre de projets routiers financés par les bailleurs multilatéraux a baissé ces dernières années. Dans les projets en cours pour 2016 par exemple, la Banque mondiale ne finance aucun projet d’infrastructures routières de grande envergure. Même cas pour l’Union européenne qui n’est pour le moment pas à l’ère des grands projets routiers notamment dans les régions Nord et  Sud du pays.  Pire,  le mauvais état des rues des grandes villes témoignent  d’un véritable laisser-aller en la matière. On peut notamment citer dans la capitale la fameuse « Route du Pape » qui faisait la fierté  de l’ancien Président Ratsiraka, mais qui est actuellement laissée dans un piteux état et fait le malheur des automobilistes qui sont obligés d’y faire  le slalom, avec ce que cela suppose de risques d’accident. En tout cas, sans les Chinois qui réalisent actuellement avec succès les routes reliant l’aéroport international d’Ivato  au centre ville, en vue notamment de l’accueil du Sommet de la Francophonie,.

Corrélation. En tout cas, cette baisse des financements des projets routiers en particulier et des aides publiques au développement en général est en corrélation avec la performance de gestion du pays en général. Sur ce point d’ailleurs la dernière analyse de qualité des politiques de développement  et des Institutions, récemment  publiée par la Banque mondiale en dit long sur la capacité de Madagascar en matière de gestion des projets et en comparaison avec d’autres pays africains. Le Rwanda, un pays africain qui a connu la guerre civile est placé en tête des pays les plus performants. « Le Rwanda arrive une fois de plus en tête du classement, avec une note globale de la CPIA de 4,0, suivi par le Cabo Verde, le Kenya et le Sénégal, qui obtiennent tous trois une note globale de 3,8. L’Érythrée et le Soudan du Sud se situent quant à eux en bas du classement, avec des glissements dans plusieurs secteurs qui ont contribué à rabaisser leur note à 1,9. » indique ce classement de la Banque mondiale. Un classement qui a évidemment des conséquences au niveau du volume de financements, puisque le Rwanda dispose actuellement de différents projets  en cours de financement par la Banque mondiale, à hauteur de 285 millions de dollars en 2016 et de 425 millions de dollars en 2015.

Pour Madagascar,  la Banque mondiale a engagé 253 millions de dollars en 2016, contre seulement 95 millions de dollars en 2015. Cette nette progression s’explique tout d’abord par un retour progressif de la confiance des bailleurs, mais également par  un renforcement du cadre de gouvernance.  « En 2015, seuls sept pays africains – Ghana, Comores, Tchad, Guinée, Madagascar, Rwanda et Zimbabwe – ont renforcé leur cadre de gouvernance », selon  toujours cette évaluation de la Banque mondiale qui a d’ailleurs approuvé un projet de financement pour l’amélioration de la gouvernance pour un montant de 65 millions de dollars.

R.Edmond.

Source: Midi-Madagasikara